La plus forte c'est ma mère

Ce n’est pas sans larmes que ma mère a accepté de jouer au modèle pour notre capsule de Noël. Depuis mes tout premiers pas dans le domaine de la mode, elle a toujours été à mes côtés. C’est donc à mon tour de la mettre en lumière et de lui exprimer, à travers ma plus grande passion, toute l’admiration que j’ai pour cette femme incroyable. Parce qu’au fond, si j’ai fait mon chemin dans le design de vêtements, c’est en grande partie grâce à elle.

J’ai toujours eu une image de ma mère comme étant une femme forte, indépendante avec une grande sensibilité et une capacité d’émerveillement qui lui est unique. Elle m’a certainement transmis ces valeurs et plus encore.

Dès mes premiers pas dans le domaine de la mode, elle était présente. C’est à l’âge de 9 ans que j’ai débuté ce périple, après avoir feuilleté le journal local et repéré une vente de tissu (elle a bien sûr accepté de m’y accompagner). J’ai fait le patron et confectionné, sur la machine à coudre de ma mère, deux hoodies pour aller jouer à la cachette dans le noir avec mes amis (#lifepriorities).

J’ai repris de plus belle quelques années plus tard, quand je suis tombée amoureuse d’une combinaison portée par Alissa Milano dans un mauvais film des années 90. Je devais absolument reproduire (avec quelques modifications) cet item pour l’ajouter à ma garde-robe. Et dois-je préciser que c’est pas à Sorel, ma ville natale, que j’aurais trouvé ce que je cherchais!

En peu de temps, ma garde-robe était regarnie de créations personnelles et je ne portais presque que ça, à l’exception de mes chaussures que je ne pouvais malheureusement pas faire moi-même. Je cherchais à développer tout ce qui était complexe pour mieux apprendre: jeans, salopette, bikini, manteau d’hiver. Toujours présente, ma mère m’encourageait sans relâche dans mes projets les plus élaborés. Elle a même tricoté, malgré son arthrite aux mains, un gros col et des poignets pour apposer sur un manteau que j’ai confectionné et dont on parle encore aujourd’hui.

Est ensuite venu le temps de quitter le nid familial pour aller faire mes études en design de mode au collège Marie-Victorin. Encore là, ma mère me supportait de ma ville natale et m’a même visité à plusieurs reprises dans le très « glamourous » Montreal-Nord. Elle a même poussé son support jusqu’à venir dormir avec moi dans ma chambre de résidence, visiter mon école et rencontrer tous mes amis.

Mon parcours sur le marché du travail n’a pas été sans péripéties. J’avais encore une fois la bougeotte et envie d’essayer le plus de choses possible (enfants, hommes, femmes, denim, tricot, manteaux). Mon père désapprouvant un peu mon choix de carrière par soucis de ma sécurité financière, ma mère a, je pense, redoublé d’efforts à me pousser à fond et avancer.

Il y eut un petit revirement de situation quand, il y a 10 ans, le cancer du sein est venu frapper à sa porte. C’était plus qu’à mon tour d’être présente pour elle du mieux que j’ai pu. Ca n’a pas été une période facile et ce n’est pas évident de garder le moral quand la maladie se met de la partie. J’ai eu très peur de la perdre et, si j’avais pu, j’aurais pris sa maladie sur moi plutôt que de la voir dans cet état. Mais avec toute la force qu’on lui connaît, ma mère a passé à travers et triomphé et on peut maintenant parler de ce dur épisode au passé.

Odeyalo est né il y a un peu plus de deux ans et cette marque se voulait un miroir de mes valeurs les plus importantes. Exaspérée par le monde superficiel et le caractère éphémère de la mode, j’ai eu envie de créer une marque simple, facile à coordonner, avec des pièces intemporelles et de qualité pour une femme forte qui recherche un style qui ne compromettra pas son confort.

Aujourd’hui, après avoir complété cette session de photos avec ma mère, et avoir vu comment elle incarnait si bien chaque pièce, j’ai compris. Elle n’a pas seulement été à mes côtés, mais elle en fait intégralement partie.